Il y a des enfants qui n’ont aucun problème avec les mains sales.

Le meilleur exemple est celui de mon fils. Pour lui, les mains représentent son terrain de jeu. C’est par les mains et par le toucher qu’il découvre les choses en première.

C’est en touchant et manipulant des jouets, des objets, et même de la nourriture, qu’il fait une connaissance avec le monde qui l’entoure. Il ne remarque jamais les couverts à table. Le riz, la purée, tout cela doit d’abord passer par ses doigts. Malgré les maintes demandes, malgré le fait, que toute la famille utilise bien les couverts, ce besoin d’utiliser ses mains et ses doigts pour découvrir le plat est plus fort que lui.


Il y a des enfants pour qui la moindre salissure se transforme en profond besoin de se laver les mains.

C’est lors de mes ateliers art et nature et land art, que je rencontre le plus souvent le besoin de se laver les mains à moindre contact avec le monde extérieur. En effet, les ateliers art et nature font manipuler les éléments naturels tels qu’on les trouve dans leur environnement. Il peut arriver que les feuilles soient mouillées par la pluie, que les branches gardent de la sève, et que la terre est transformée en boue. Je vous alors parle de mon expérience avec une petite fille de 9 ans lors d’un atelier land art. Pendant sa création, elle voulait garder ses mains bien propres. Étant en contact avec des feuilles, elle avait besoin d’aller se laver les mains après chaque toucher. Cela était également représenté dans sa création. Elle était parfaite ! Tout était très bien rangé, très symétriques, et surtout très propre. Puis, elle m’a demandé de l’aider à coller quelques éléments plus épais et plus lourds. Alors, quelle solution pour s’en sortir ? Celle qu’elle souhaitait utiliser, c’était du scotch. Mais dans les ateliers land art, le scotch est interdit. L’alternative est alors dans ce cas précis – la terre humide. Le problème ? La terre fait salir les mains. Elle a alors préféré de laisser côté son envie d’ajouter l’élément trop épais, et gardé la création telle qu’avec les mains propres.


Alors, est-ce qu’on se lave les mains ?

La question de la transmission des maladies, le risque de contagion reste primordiale et valide. Il faut être vigilant et apprendre de bonnes habitudes dès le plus jeune âge.

D’avoir les mains propres, c’est aussi un signe de savoir prendre soin de nos affaires, avoir le respect pour les choses qui appartiennent à nous et aussi aux autres personnes, et de ne pas prendre des choses pour acquis. Par exemple, prendre soin de ses jouets, de ses livres.

Mais tout a ses limites. Et craindre de se salir les mains peut être l’obstacle pour lui éveiller sa créativité et pas que.


Les mains, notre outil pour une découverte du monde.


Les mains sont le tout premier outil de l’homme, utilisées depuis toujours. C’est grâce à nos mains, qu’on peut réaliser différentes actions dans notre quotidien, manipuler les objets et sentir des choses, comme savoir si un élément est chaud ou froid, s’il est sec ou mouillé. En effet, il y a des milliers de nerfs, qui informent notre cerveau de nos sensations.

Le tout premier contact commence à la naissance quand on pose le bébé sur la maman afin qu’il la sente.

C’est grâce à nos mains, qu’on peut se connecter avec les personnes.

On prend nos bébés dans les bras pour les rassurer, caresser les cheveux de notre enfant le soir pour l’endormir.

Par ailleurs, les personnes aveugles ont le sens du toucher souvent plus développé, que les personnes voyantes, car c’est par ce moyen, qu’ils peuvent appréhender des choses qu’ils ne voient pas.


Se reconnecter avec le vivant grâce à nos mains.


En travaillant avec les éléments naturels, on revient vers nos origines.

Quand on dit les éléments naturels, on peut imaginer tout ce qu’on trouve pendant une balade en forêt, dans un parc, ou dans le jardin des grands-parents.

Il y a des fleurs, leurs pétales, les feuilles et les tiges…

Il y a des arbres, avec les branches, les épines, les glandes, les divers fruits…

Il y a des rochers, des pierres ou des minuscules cailloux…

Il y a aussi du sable, de l’eau, des coquillages…

Et il y a de la neige en hiver…

Il y a de la terre et ses différentes compositions…

Et il y a du vent dans l’air, et le feu.


Pour découvrir ces éléments, en plus de les regarder, les sentir, ou les écoutes, il est important de les toucher et de les sentir par nos mains.

On expérimente et on peut voir comment on réagit étant en contact avec ces éléments. Où sont nos limites ? Peut-on toucher le vent ou le feu ? Où sont les limites de ces éléments ? Quelle sensation ça nous procure ?

Comment peut-on s’en servir pour créer quelque chose tout en respectant la nature des choses ? Il est inévitable que nos mains aillent être en contact direct par exemple avec de la terre ou de l’eau et dans certains cas, elles se salissent.

En se donnant la liberté d’expérimenter le monde qui nous entoure, avec nos mains, on se met à regarder autour de nous avec la bienveillance, la tolérance, la symbiose et le respect. Cela nous ouvre des portes vers des nouvelles solutions et des créations. Cela va créer des nouveaux liens avec le vivant, de ressentir et se reconnecter à nous.

Laissons alors nos petits d'avoir les mains sales afin qu'ils puissent ressentir la nature autour d'eux.

Et je vous propose de vous salir les mains avec eux, et pourquoi pas un peu plus souvent, pour vous reconnecter au vivant.